En charge de mesurer l’impact positif et négatif de leur entreprise, les Chief Impact Officers sont tendances. Mais concrètement, ça veut dire quoi d’être Chief Impact Officers ?

En abordant le métier de CIO sous les angles philosophique, écologique, sociologique et éthique, on reconnaît que l’innovation ne se limite pas à des considérations économiques, mais qu’elle a des implications plus profondes pour la société, la nature et la moralité.

Cette approche holistique favorise une réflexion plus complète sur la responsabilité et l’éthique de l’innovation.

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Rappels des billets précédents :

1. Les premiers responsables RSE (Responsabilité Sociale des Entreprises) sont apparus aux alentours de 2005. Ils étaient une réponse à la réglementation exigée : au sein des grands groupes, on leur demandait essentiellement de produire des reportings extra-financiers.
2. Puis, après la COP 21 de 2016 qui a donné lieu aux accords de Paris, il y a eu un vrai tournant :  Le secteur financier a commencé à s’intéresser aux sujets environnementaux et sociétaux. On a vu émerger des postes RSE dans les fonds d’investissement (sous la forme de l’Investissement Socialement Responsable), ce qui a poussé les entreprises à en faire davantage.
3. En 2019, l’entrée en vigueur de la loi Pacte en France, avec l’arrivée des sociétés à mission, a conduit à positionner les enjeux RSE au niveau stratégique. De nombreux· directeurs RSE ont été nommés au sein des comités exécutifs des entreprises.
4. Enfin, à partir de 2020 et 2021, les Chief Impact Officers sont apparus, notamment dans les entreprises de la tech ou du digital, mais aussi dans les PMI et PME, très investis dans le tissu économique local.

Angle Philosophique :

Éthique de la Responsabilité : Sur le plan philosophique, le rôle du CIO peut être associé à l’éthique de la responsabilité. Cela implique que les entreprises ont une responsabilité morale envers la société et l’environnement. Les CIO travaillent pour que cette responsabilité soit prise en compte dans les décisions commerciales, en veillant à ce que les produits innovants ne causent pas de préjudice injustifié et qu’ils contribuent au bien commun.

Éthique de la Vertu : Les CIO peuvent également s’inspirer de l’éthique de la vertu. Ils cherchent à cultiver des qualités morales telles que l’intégrité, la prudence et la compassion dans le processus d’innovation. L’accent est mis sur le développement de comportements éthiques au sein de l’entreprise.

Angle Écologique

Écologie Profonde : Du point de vue écologique, le métier de CIO peut s’inspirer de l’écologie profonde, qui prône la considération intrinsèque de la nature. Les CIO veillent à ce que les produits innovants respectent la biodiversité, réduisent les émissions de carbone et préservent les écosystèmes.

Économie Circulaire : L’approche de l’économie circulaire peut également être appliquée. Les CIO encouragent la conception de produits innovants qui minimisent les déchets, maximisent la réutilisation et réduisent la consommation de ressources naturelles.

Angle Sociologique

Sociologie de l’Innovation : Sous l’angle sociologique, le métier de CIO peut être lié à la sociologie de l’innovation. Ils étudient comment les innovations influencent la société et les comportements des individus. Par exemple, comment l’adoption de nouvelles technologies affecte-t-elle les modes de vie et les interactions sociales ?

Impact sur les Communautés : Les CIO examinent l’impact des produits innovants sur les communautés locales. Ils s’assurent que l’innovation n’a pas de conséquences négatives, comme la désindustrialisation ou la marginalisation de certaines populations.

L’analyse du métier de Chief Impact Officer (CIO) sous l’angle de l’éthique s’inscrit dans le domaine de la responsabilité sociale des entreprises (RSE) et de l’éthique des affaires.

Auteurs et Théoriciens Importants :

Milton Friedman : L’approche de Friedman, exprimée dans son article de 1970 « The Social Responsibility of Business is to Increase its Profits », défend l’idée que la seule responsabilité des entreprises est de maximiser les profits pour les actionnaires. Cette perspective a souvent été remise en question par les défenseurs de l’éthique des affaires.

Carroll Archie B. : Carroll a proposé un modèle de responsabilité sociale des entreprises en 1979, appelé le « modèle pyramidal de la responsabilité sociale des entreprises ». Il comprend quatre niveaux de responsabilité : économique, juridique, éthique et philanthropique.

Archie Brown : Brown a développé la notion de « leadership éthique » dans le domaine des affaires. Il soutient que les dirigeants d’entreprise doivent être des exemples en matière d’éthique et de responsabilité sociale.

Courants de Pensée :

Éthique de l’Utilitarisme : Certains CIO s’inspirent de l’éthique de l’utilitarisme, qui soutient que les actions doivent être évaluées en fonction de leur capacité à maximiser le bien-être global. Ils cherchent à maximiser l’impact positif de l’entreprise sur la société.

Éthique de la Déontologie : D’autres adoptent une approche déontologique, se concentrant sur le respect des principes moraux et des devoirs éthiques, quelle que soit la conséquence financière. Ils privilégient la prise de décision éthique plutôt que simplement rentable.

Éthique de la Responsabilité Sociale : Le courant de la responsabilité sociale des entreprises (RSE) considère que les entreprises ont la responsabilité de contribuer au bien-être de la société dans son ensemble. Les CIO travaillent dans ce cadre pour intégrer la RSE dans la stratégie de l’entreprise.

Travaux en Cours et Défis :

Intégration de l’Éthique dans la Culture d’Entreprise : Un défi clé pour les CIO est d’intégrer l’éthique dans la culture d’entreprise, de sorte que l’éthique ne soit pas seulement une obligation légale, mais une valeur fondamentale partagée par tous les employés.

Mesure de l’Impact Éthique : Mesurer l’impact éthique des décisions commerciales et des innovations est un domaine de recherche en évolution. Les travaux visent à développer des métriques et des indicateurs pour quantifier l’impact éthique.

Conciliation des Objectifs Financiers et Éthiques : Les CIO sont confrontés à la tâche complexe de concilier les objectifs financiers de l’entreprise avec ses objectifs éthiques. Cela implique souvent des compromis et des décisions difficiles.

Gouvernance et Éthique : L’efficacité de la gouvernance d’entreprise dans la promotion de l’éthique est un sujet d’étude en cours. Comment les structures de gouvernance peuvent-elles encourager des décisions éthiques et responsables ?

En conclusion, le rôle du CIO dans l’entreprise implique de naviguer dans des territoires complexes de l’éthique des affaires, en cherchant à équilibrer les impératifs financiers avec les responsabilités éthiques envers la société et l’environnement.

Les travaux actuels se concentrent sur la manière de mesurer l’impact éthique, d’intégrer l’éthique dans la culture d’entreprise et de relever les défis de la conciliation des objectifs financiers et éthiques.

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En conclusion, l’innovation responsable ou plus exactement, le management responsable de l’innovation, engage les innovateurs à anticiper et à prendre en compte les effets futurs de l’innovation, y compris celles qui sont encore inconnus, afin de protéger les « communs » de notre planète.

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