Il y a un an, je vous faisais découvrir ma recette pour composer vos propres bandes-sons, même sans être un musicien ni un expert en intelligence artificielle. L’été dernier, j’ai donc créé, depuis zéro, 12 compositions musicales : https://innovecteur.com/2022/07/31/ma-premiere-creation-musicale-assistee-par-intelligence-artificielle/
C’est cet album musical qui a inspiré Coulisses, le making-of de mon livre sur l’innovation responsable : https://innovecteur.com/coulisses/
L’évènement AI for good


En démarrage de l’évènement Artificial Intelligence for Good à Genève (6-7 juillet 2023 – https://aiforgood.itu.int/), une improvisation musicale en temps réel a eu lieu, entre un logiciel et un musicien.
Sur scène, un artiste reconnu, installé derrière une batterie des plus classiques et un ordinateur doté d’une plateforme pour créer ses propres instruments et effets.
Jojo Mayer, classé parmi les 50 plus grands batteurs de tous les temps, par le magazine Modern Drummer
Né en Suisse, Jojo Mayer a commencé à jouer de la batterie dès son plus jeune âge et s’est produit pour la première fois en public à l’âge de deux ans, dans le groupe de son père.
À l’âge de 18 ans, il a connu sa première exposition internationale lors d’une tournée avec Monty Alexander et en accompagnant des légendes du jazz telles que Dizzy Gillespie et Nina Simone.
Il développe sort art avec le groupe NERVE, qui l’a établi comme l’un des plus grands interprètes et innovateurs de l’instrument. Ses concepts et techniques de rétro-ingénierie des rythmes de batterie électronique en temps réel sur une batterie acoustique ont introduit un nouveau paradigme et ouvert la porte à toute une génération de musiciens.
https://www.youtube.com/watch?v=Mrwe-kaoHbI
Un logiciel de création en temps réel
Après le show, j’ai demandé à Jojo l’outil qu’il utilisait : Max par Ableton.
Pour une raison principale : sa faculté à pouvoir jouer en direct, en temps réel avec les musiciens. Et c’est lors du confinement qu’il en a découvert tout le potentiel.
Plate-forme pour les artistes et les créatifs qui souhaitent repousser les limites du possible en musique, dans les arts visuels et la technologie, Max permet de créer ses propres instruments et effets.
https://www.ableton.com/fr/live/max-for-live/
Autres logiciels
Accessibles en ligne et faciles à utiliser :
Improvisation musicale et commentaires du musicien
Moments-clés :
- Présentation du podcast – 00:00
- Utiliser la machine pour créer – 00:35
- Improvisation musicale 1 – 02:25
- Ce que la machine permet(tra) de faire – 07:00
- Improvisation musicale 2 – 09:35
- Présentation d’innovecteur – 15:15




Le même projet à Nublu / New York’s East Village, en vidéo
Explications de Jojo Mayer
Ainsi, la machine et moi-même entrons dans une boucle où nous nous échangeons mutuellement des propositions. Chaque production de l’un devient une proposition pour l’autre, et réciproquement !
C’est l’une des découvertes les plus intéressantes que j’ai faite en découvrant cette technologie.
Au départ, j’ai essayé de l’utiliser pour remplacer un groupe de musiciens. Très vite, j’ai réalisé que je devais m’éloigner de cette idée, pour faire de la place à quelque chose que je ne pouvais pas vraiment anticiper. Car bien souvent, la machine se comporte de manière chaotique. Ce qui m’oblige à faire appel à mes capacités humaines pour légitimer et réorienter les proposions du logiciel.
La machine ne fait pas toujours ce que je veux ou ce que j’attends, ce qui est en partie amusant.
En fait, c’est ce côté aléatoire, inattendu, surprenant de la machine qui me fait grandir en tant qu’humain.
Nous entrons dans une nouvelle zone qui n’est pas encore définie par notre esthétique et notre conditionnement, et cela ouvre un terrain de jeu pour une nouvelle pensée.
Je pense que c’est une caractéristique très, très importante, qui prépare pour l’art un nouveau terrain de jeu, une nouvelle syntaxe.
Je pense qu’il indispensable d’apprendre à coexister avec la technologie qui nous envahit.
Nous devons donc créer un contrepoids, sans nécessairement utiliser cette technologie pour recréer ce que nous connaissons déjà, mais plutôt pour s’aventurer dans des espaces inconnus qui peuvent être utiles ou inutiles.
Il faut que j’aille un peu plus loin pour m’adapter aux capacités de la machine, parce que nous n’en sommes pas au point où nous n’avons plus le temps de parler.
La technologie avance vite, mais il s’agit encore d’un prototypage de quelque chose qui est presque possible aujourd’hui ou qui le sera bientôt.
Je suis dans la position où je peux créer une illusion, comme si la machine était capable de faire quelque chose qu’elle n’est en fait pas encore prête à faire aujourd’hui.
Je pense que jouer avec un groupe de musiciens est une expérience différente.
Et je pense que la question de savoir si une performance humaine est meilleure qu’une performance de la machine n’est pas la bonne.
Il est plus important de se demander quelle est la valeur d’une performance, quelle qu’elle soit, qu’elle soit créée par une machine ou par un humain.
Je pense que cela nous aidera à prendre la bonne décision, sur la place de la technologie dans l’art.
Cette machine me met à l’épreuve, ce qui est presque effrayant.
Donc, s’occuper de la technologie n’est pas de rendre la machine meilleure.
Quel que soit l’état de la machine, cela m’oblige à devenir meilleur dans mes réactions à tout ce que la machine me fournit.
Elle fait donc des choses désagréables que je ne souhaite pas, mais je dois agir en fonction de ses inputs, je dois tenir compte de ses propositions, agréables, inattendues ou même déstabilisantes.
Point de vue personnel
Lorsque je me suis installé dans l’amphithéâtre, l’excitation régnait dans l’air. La salle bourdonnait de la promesse de quelque chose de vraiment unique. Je me suis retrouvé au premier plan d’une improvisation musicale, une expérience unique où les limites de l’expression humaine ont fusionné avec la puissance d’une technologie de pointe.
Alors que la musique m’enveloppait, je me suis émerveillé de la diversité et de la profondeur des sons qui résonnaient dans la salle. Il était remarquable de voir comment un seul être humain, un batteur, pouvait orchestrer une tapisserie musicale aussi riche. L’absence d’autres musiciens n’a pas entravé l’expérience, au contraire, elle l’a renforcée. C’était comme si la musique coulait sans effort, prenant une vie propre, guidée par les mains habiles du batteur et la présence invisible du logiciel.
Il ne m’a pas fallu longtemps pour reconnaître la véritable valeur de ce logiciel en tant que compagnon d’activités musicales. Indépendamment de l’endroit où l’on se trouve ou des contraintes de disponibilité d’autres musiciens, il ouvre les portes à des possibilités infinies. Pratiquer son art est devenu plus accessible que jamais.
L’un des attributs les plus impressionnants du logiciel est sa capacité à mettre à l’épreuve ses compétences en matière d’improvisation. Il pousse au-delà de sa zone de confort. L’imprévisibilité des propositions de la machine déstabilise tout d’abord puis devient un tremplin vers l’exploration. Grâce à cette collaboration symbiotique avec le logiciel, l’on s’adapte, apprend et devient plus créatif.
Je pense que le dialogue avec ce logiciel (ou tout autre outil basé sur l’Intelligence Artificielle) peut avoir des effets profonds sur l’expression créative. C’est comme si l’on avait un.e partenaire de jeu qui apporte presque toujours chose de nouveau. Cet échange d’idées, cette interaction entre l’homme et la machine, ne peuvent qu’ouvrir de nouvelles voies. Ensemble, l’humain et la machine découvrent des territoires inconnus.
En réfléchissant à cette expérience, je suis arrivé à la conclusion que nous devrions adopter sans réserve ces avancées. Ce ne sont pas seulement des outils à utiliser pour leur énorme potentiel ; ce sont surtout des catalyseurs de croissance créative et de développement artistique.
L’intégration de la technologie nous permet d’amplifier notre voix et notre originalité, en proposant des moyens pour repousser nos limites créatives. L’homme et la machine, autrefois considérés comme des entités distinctes, peuvent désormais coexister harmonieusement.
Un moyen de devenir de meilleurs artistes et peut-être, de meilleurs individu.e.s.
Pour aller plus loin
L’innovation responsable, technologie et éthique : Le livre à découvrir. Avec un teaser gratuit à télécharger !
Alors que nous venons de découvrir l’intégration des logiciels d’Intelligence Artificielle dans l’improvisation musicale et les efforts artistiques, il est crucial d’aborder les implications éthiques entourant leur utilisation.
Il me semble important de réfléchir au déploiement responsable de ces technologies et considérer l’impact potentiel sur l’humain. Il faut aborder ce développement avec une perspective critique, en veillant à ce que les nouvelles technologies restent des outils à notre service.
Lien : https://innovecteur.com/responsable/
Et aussi, 2 toolkits pour augmenter sa créativité … avec intelligence humaine :
- La résolution créative de problème – https://innovecteur.com/produits-services/toolkit-resolution-creative-de-probleme/
- Soyez plus créatif avec le Design Thinking – https://innovecteur.com/produits-services/toolkit-prototyper-avec-le-design-thinking/
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