Pour cet article, innovecteur a donné la parole à une experte de l’innovation ouverte. Écoutez ou lisez son message !
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Julia Dallest est responsable des opérations et des partenariats de l’association Open Geneva, et également responsable de la communication.
Elle est la coordinatrice du festival d’innovation ouverte Open Geneva et organise des événements d’innovation et des hackathons.
Julia est plus particulièrement en charge de l’organisation des hackathons, de l’animation de la communauté des innovateurs et de la gestion des relations avec les partenaires et les bénévoles.
« J’aime organiser ces événements qui œuvrent à faire grandir l’intelligence collective en faisant collaborer des personnes, aux profils très variés mais complémentaires, ayant pour objectif d’innover pour le bien commun. »
A propos d’Open Geneva
Association à but non lucratif, Open Geneva a pour mission de développer l’innovation ouverte et inclusive dans le Grand Genève. Elle compte plus de 2500 spécialistes de l’innovation, de toutes typologies, désireux.ses de mettre en œuvre des solutions concrètes face à des problèmes réels de la vie en société.
« Promouvoir l’innovation ouverte, c’est-à-dire le partage de connaissances, est source de lien et de dialogue dans notre société en quête de sens. »
innovecteur présentait Open Geneva il y a déjà quelques années. Retour en arrière avec ce billet.
Cette année, le festival de l’innovation ouverte n’a pu avoir lieu dans son format classique en présentiel. L’ensemble du dispositif a donc été basculé en ligne, avec deux moments forts en juin autour de la résilience du territoire et de la sortie de crise et en novembre sur le thème de la finance durable. Finalement, cette contrainte du tout distanciel a révélé de nombreuses opportunités, comme la possibilité d’inclure des participants éloignés physiquement de Genève.
Depuis sa création, Open Geneva a développé l’esprit innovation ouverte sur le territoire du Grand Genève, mobilisant les mondes académique et associatif, les organisations internationales et les entreprises. Si de nombreuses entreprises ‘publiques’ font partie des partenaires historiques de l’association, les entreprises privées restent (encore) parfois frileuses.
Hackathon, présentation rapide
Pour Julia, un hackathon est un moment d’intelligence collective, réunissant pendant quelques heures (1 ou 2 jours en général) des personnes qui ne se connaissant pas sur une thématique particulière. Très rapidement, après une phase nécessaire d’inclusion (en savoir plus avec ce billet), les interactions se mettent en place, les idées fusent, le groupe s’organise et les idées se développent.
« Les hackathons sont une forme de collaboration qui replace l’humain au centre des actions, en offrant les conditions propices à la conception d’idées/projets innovants afin de répondre à des défis complexes. »
Bien entendu, ce scénario idéal connait parfois quelques bugs, se traduisant par des échanges musclés entre participants ou une qualité faible de production. Julia nous rappelle quelques conditions de succès :
- Tout d’abord, la finalité qui doit viser une solution concrète en allant bien au-delà du simple échange d’idées
- La problématique doit à la fois être ambitieuse pour stimuler le groupe et orientée court-terme pour privilégier des pistes actionnables par le groupe
- La variété et la richesse des expertises, pour disposer à la fois de créatifs, de réalistes … et de faiseurs
- Un espace de sécurité (safe space) bienveillant favorisant la libre expression et les échanges informels et décalés
A propos de la formulation du challenge
Le secret d’Open Geneva repose sur deux approches complémentaires :
- Appel à projets, sur une thématique (ex. finance durable), ce qui permet à des personnes / start-ups / associations (du monde entier) de présenter leur projet en rapport avec la thématique, leurs objectifs et leurs attentes
- Mobilisation d’entreprises, organisations, universités, apportant leurs expertises et également leurs questionnements plus stratégiques
A propos de l’animation du hackathon
Pour Julia, les méthodologies – type Design Thinking – ont le mérite de proposer un cadre et une logique d’animation. Mais avec le temps, l’animation des hackathons a progressivement délaissé la méthodologie pour permettre l’émergence naturelle de l’intelligence collective des groupes. De plus en plus, les hackathons sont organisés pour dresser le cadre (périmètre, problématique, enjeux, …) et donner le maximum de latitude et d’auto-organisation aux participant.e.s. Une fois ce filet de sécurité en place, la créativité et l’énergie apportent davantage de spontanéité et d’engagement que le seul respect de guidelines.
Une préparation ‘méthodologique’ légère est cependant proposée en amont, essentiellement pour rassurer les participant.e. et lever des doutes. Un coaching ‘à la demande’ est également prévu au cours du hackathon, pour outiller / relancer un groupe dans le besoin. Le suivi à la lettre des consignes et de l’agenda est donc de l’histoire ancienne !
A propos du post-hackathon
L’autre enjeu du hackathon, c’est de maintenir l’énergie au-delà de l’évènement en tant que tel. Cette phase cruciale de post-projet a été enrichie en 2020 avec deux composantes de type ‘crowd support’ :
- Le soutien en nature, de la part de contributeurs souhaitant apporter leurs réseaux, connaissances, expertises aux projets issus du hackathon
- Le financement participatif, pour soutenir le projet par des dons.
A propos des hackathons virtuels
Le fonctionnement en mode digital a permis de maintenir les conditions de bienveillance et de collaboration que l’on avait traditionnellement en présentiel … mais avec 30% de coûts en moins, que l’on peut investir différemment.
Le principal avantage concerne la mobilisation de publics qui n’auraient pas fait le déplacement jusqu’au lieu du hackathon (éloignement, durée de l’engagement, contraintes). Le fonctionnement en ‘remote’ permet aussi d’internationaliser les événements, d’engager des participant.e.s nouveaux.
A l’avenir, l’hybridation de ces types de fonctionnement sera probablement obligatoire pour offrir le choix aux participant.e.s et inclure des publics autres.
Financièrement, les outils d’interaction à distance peuvent représenter un coût élevé, d’où l’importance d’exploiter les versions gratuites ainsi que les outils proposés par Open Geneva. Parmi les incontournables, une licence zoom (+ retransmission sur les réseaux sociaux) et un outil de collaboration, comme slack ou google form pour l’échange d’idées, si les licences Miro / Mural sont rédhibitoires. Ce fonctionnement frugal a été testé avec succès jusqu’à 150 participants.
Pour en savoir plus
Sur l’innovation ouverte : plusieurs billets à lire
Sur la facilitation d’ateliers collaboratifs : une thématique à consulter