Le billet précédent a présenté la communauté d’innovation mise en place par Renault. Dans celui-ci, deux éclairages complémentaires éclairent davantage ce nouveau dispositif d’innovation.
La communauté d’innovation vue comme un middle-ground, un espace indispensable à mi-chemin entre l’entreprise et la pure créativité du monde artistique
Patrick Cohendet et Laurent Simon, HEC Montréal étudient ce phénomène et décrivent le middle-ground comme un espace à mi-chemin entre :
- le monde de l’entreprise, du marché (orienté résultats, actions à mener, contractualisation : le upperground) et
- le monde des purs créatifs / artistes, déconnectés de l’économie, « l’art pour l’art » (orienté exploration, créativité, absence de règles / contraintes, chaos : l’underground).
Ce middle-ground est donc un espace intermédiaire, une plateforme reliant ces deux mondes opposés qui sert à :
- réfléchir aux questions qui se posent par rapport à un thème donné
- prendre du recul par rapport à une problématique opérationnelle, en se nourrissant de l’apport d’expertises extérieures de tous domaines
- échanger des idées, des concepts (qui ne sont pas encore des produits / services commercialisables)
- mettre en forme, donner corps à une idée, une étincelle
D’une façon plus générale, un middle-ground est davantage une énergie qu’un processus. Il s’appuie sur :
- Une Place, un lieu physique qui peut être l’open lab de l’entreprise ou, au contraire, un lieu neutre
- Un Espace cognitif commun, un vocabulaire partagé
- Des Projets, pour agir, prototyper et passer à l’action
- Des Evenements, pour créer de la pression et pousser à la convergence, à la synthèse et à la mise en forme
Dans un autre domaine – celui de l’événementiel, la mise en place et l’animation d’une communauté est désormais une réalité
On a tous participé à un évènement sportif, culturel, professionnel (par exemple, le salon RH destiné aux professionnels des ressources humaines).
On s’y inscrit et on reçoit un badge pour l’entrée. Puis l’on déambule, d’un stand à l’autre pour y glaner des contacts, catalogues, plaquettes et autres cartes de visite. Et lorsque l’on quitte le salon, en général sur les rotules, tout s’arrête jusqu’à l’année suivante.
Désormais, les grandes agences proposent des solutions beaucoup plus larges, qui vont bien au-delà de l’évènement physique.
Non pas pour remplacer ce moment de rencontres et d’échanges, mais pour faire monter progressivement l’intérêt et l’implication des participants et leur permettre de retourner aux contenus, contacts et autres informations une fois l’évènement terminé.
L’évènement physique – comme l’atelier de créativité dans le cas d’un open lab – existe mais il est entouré de dispositifs multiples en amont et en aval, pour en augmenter l’efficacité. L’évènement en tant que tel est donc valorisé.
Même logique pour une session de formation, bien construite, qui ne devrait jamais se résumer à un simple face-à-face pédagogique entre un formateur et des participants !
Dans le secteur de l’évènementiel, tout est fait pour que la communauté se construise avant l’évènement :
- Enregistrement on-line
- Création de son profil (nom, prénom, entreprise, objectifs attendus, temps disponible, conférences / ateliers choisis, …)
- Possibilité de télécharger une application dédiée à l’évènement
Ensuite, les membres de la communauté ont la possibilité lors de l’évènement :
- de se rencontrer, via les informations / souhaits / objectifs saisis lors de l’inscription
- de récolter sur leurs smart-phone les plaquettes, cartes de visite, brochures, …via QR-code et autres techniques de scannage
- d’intervenir pendant les conférences / ateliers, via leur smart-phone pour poser des questions, voter, coopérer (outils collaboratifs virtuels) ou apprendre (gamification)
De plus, après l’évènement, la communauté peut retrouver les informations sous forme de :
- vidéos, pour les contenus des ateliers et conférences
- quiz ou autres supports de e-learning, pour prolonger les apprentissages et être « certifié »
- réseau social dédié, pour faciliter les échanges démarrés lors des rencontres physiques
Enfin, il est noter qu’il devient désormais possible de :
- réunir virtuellement des évènements organisés dans des lieux géographiques différentes
- diffuser en direct (streaming) le contenu des conférences à des personnes non présentes à l’évènement
- d’inviter des personnes à participer à cette communauté sous sa forme virtuelle seulement, pour des modules de e-learning par exemple
- faire vivre l’évènement sous forme d’une exposition virtuelle, tout au long de l’année
Ainsi, l’on passe d’un évènement unique et ponctuel à l’animation d’une communauté, en continu et par des contenus multiples.
Et vous, savez-vous comment mettre en place vos communautés d’innovation ?
Pour en savoir plus, ces billets devraient vous intéresser :
- La communauté d’innovation, forme concrète du middle-ground, apporte une solution à la nécessaire ambidextrie des entreprises (cf. billets à ce sujet, qui donnent des pistes utiles).
- lien à cliquer sur les labs d’entreprise
- lien à cliquer sur l’innovation collaborative et l’open innovation
- textes académiques :
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